Les Mercredi poétiques de Louis

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Ma mère se taisait mais son cœur battait fort
Et moi, distraitement, je regardais le fort.

Nous quittions malheureux notre patrie : l'Espagne.
Comme un mari trahi délaisse sa compagne.
Et toi, terre d'accueil, peuple fier et serein,
Comme à tes vrais enfants tu nous donnas ton sein.
Si parfois j'ai souffert ce n'est pas de ta faute ;
L'histoire le sait bien : marchons la tête haute !
Je veux par les débris de mon piètre savoir,
Et dans l'obscurité que diffuse le soir,
Cueillir les fleurs sans nom de la reconnaissance
Pour en faire un bouquet et te l'offrir, ma France !
Je veux te dédier ce recueil mal écrit,
Ces humbles fleurs des champs cueillies dans mon esprit.
Je les aurais voulues parfumées, grandioses,
Or dans ma roseraie n'ont fleuri que des choses
Inodores, meurtries par les vents de l'oubli ;
Ce monstre omniprésent dans notre ordre établi.

Quand le car s'arrêta dans un petit village,
Le chauffeur nous remit le titre du voyage.

Nous étions peu nombreux : deux femmes, trois soldats
Savamment préparés à de futurs combats.
Une femme tenait un enfant en bas âge
Sur ses genoux, assis, à côté d'un bagage
Pareil aux balluchons que nous avions laissés
Avant d'avoir franchir la route, si pressés.
La femme paraissait inquiète et fébrile.
Elle dit à son fils : « José, reste tranquille ! »
Mère avait par ces mots tout compris désormais ;

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