Les Mercredi poétiques de Louis

…

Il regardait Papa avec un drôle d’air :
Oui ! Il était jaloux, je le vis, c’était clair !
Père m’avait saisi d’une main vigoureuse ;
Mère nous regardait, Dieu, qu’elle était heureuse !
Il m’embrassa très fort, et me fit voir François,
Je lui fis un baiser, le plus furtif qui soit.
Mère ayant remarqué que j’étais mal à l’aise
Me serra sur son cœur afin que je me taise.
Je fus tout étonné de voir certains ouvriers,
Semblant fort occupés à monter des piliers.
Intrigué, curieux, je demandais à Mère :
« Dis, Maman, ces piliers, on les met pourquoi faire ? 
— Ils vont mettre partout des lits superposés
Pour nous sortir du sol ; c’est tout ce que je sais. »
Mon frère s’était mis à me dire des choses,
Je le voyais nerveux et j’en savais les causes.
Vers Papa fréquemment il jetait son regard ;
Moi, pensif et distrait, j’écoutais l’œil hagard.
Je me sentais fautif, j’avais peur de transmettre ;
Pas seulement les poux mais la gale, peut-être.
Ma mère devina l’objet de mon tourment,
Elle dit à Papa : « je m’absente un moment. »
Ils se dirent tous deux quelques mots à voix basse
Et mère m’amena me récurer la crasse.
Elle lava mon corps avec du savon noir ;
Le temps était au doux en ce début de soir.
Le peigne fin glissa beaucoup mieux sur ma tête,
Jusqu’à ne plus laisser la moindre sale bête.
Avec le bruit de l’eau nous n’entendîmes pas
La venue de Linda, ni le bruit de ses pas.
Elle portait un seau où je vis quelques frusques,
Et ma mère à sa vue eut des gestes plus brusques.

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