Les Mercredi poétiques de Louis

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La France abasourdie, tant la vague fut forte,
Géra mieux le défi, en faisant même en sorte
D’humaniser la vie autant qu’elle le put.
Cela se remarquait, mieux faire était son but.
Les enfants séparés revinrent près des mères ;
On sentait le désir d’amoindrir les misères.
Un grand baraquement fut même aménagé,
Avec célérité et fort bien arrangé,
Permettant aux mamans ayant des petits anges
De les pouvoir laver et leur changer les langes.
Le dimanche matin Père venait nous voir ;
L’îlot se remplissait d’allégresse et d’espoir.
Tous les soldats vaincus redevenaient des pères,
Et je crois que la mer maîtrisait ses colères.
Comme pour honorer les défunts de jadis,
Les ondes paraissaient chanter De Profundis.
Et la vague domptée, presque méconnaissable,
Faisait des clapotis en roulant sur le sable.
Mille étincellements, légers comme un frisson,
Pétillaient sur l’eau bleue et jusqu’à l’horizon.
Mes yeux émerveillés contemplaient cette raie
Qui semblait partager en deux l’immense baie.
J’avais perdu de vue Manuel et Ramon :
Le second frêle et doux, le premier un démon ;
Un jour je les revis derrière le grillage
A demi dévêtus, ils allaient vers la plage.
Je courus vers la mer sans perdre un seul instant,
Désireux de les voir, fut-il un court moment.
Arrivé sur le bord de cette mer immense,
De les voir de plus près je mourais d’impatience.
M’approchant vivement des maudits barbelés,
Je criais fou de joie comme un écervelé :

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