Les Mercredi poétiques de Louis

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  • Le 28/08/2019
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 Louis Ruiz

 

"La Retirada"

 

 

Ce livre a obtenu
le Grand Prix des Jeux Floraux Méditerranéens
décerné par
"Poètes sans frontière".

Rivesaltes


Comme le précédent, cerné de fils de fer.
Je ne sais plus combien dans ce camp nous restâmes,
Ensemble réunis, les enfants et les femmes.
Et dans l’îlot voisin, les hommes désœuvrés,
Au gré d’un destin fou, savamment manœuvré,
Comptant les jours passés dans cette solitude
A souffrir de langueur, ils prenaient l’habitude.
Le général Franco, chargé de compliments,
Comme tous les héros de grands événements,
Paradait dans Paris avec les pétainistes —
Animé d’un désir : traquer les communistes.
Ils tramaient, les salauds, des desseins instinctifs,
Comme sans trop tarder exterminer les juifs.

Agde ne fut, hélas, qu’une très courte étape,
Qu’un répit fugitif, qui trompe et qui nous sape.
C’est vers un camp nouveau, et combien plus cruel !
Rivesaltes, tu fus l’accroc perpétuel.
Tu déchiras ma chair comme une étoffe fine
A l’orée d’un malheur où l’horreur se confine.
Le temps n’a jamais su, tant soit peu le gommer.
Et si mon vers si dur exhale un goût amer
C’est parce que j’ai vu des choses indécentes
Qui, dans ma mémoire, restent toujours présentes.
Mère, qui nourrissait mon petit frère au sein,
Se mit à dépérir dans ce milieu malsain.
Sa poitrine abondante, en quelques jours à peine,
Se tarit tout à coup, pareil qu’une fontaine.
Le glaucome se mit à tourmenter ses yeux.
A croire que les dieux trop lointains dans les cieux
Ne pouvaient de si loin voir toute la misère
Qui s’abattait de front sur ma petite mère.
Les plus faibles mouraient, atteints par trop de maux.
Les poux nous dévoraient, et je pèse mes mots.

ruiz poèmes louis retirada

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