Les Mercredi poétiques de Louis

…

Du monarque absolu, au fils d’un empereur,
Et qu’un instant d’amour peut quelquefois convaincre
Des hommes préparés à combattre et à vaincre.

Le commandant revint serein apparemment,
Et moi, comme un rameau, je tremblais doucement.
Il passa près de moi, distrait, sans rien me dire,
Mais le lieutenant, lui, me fit un bref sourire.
Ce sourire discret m’alla tout droit au coeur ;
Il semblait me crier : tout va bien, n’aie pas peur !
Mon cas s’était joué en moins d’une minute
Sans haussement de voix, sans la moindre dispute.
Lorsqu’ils furent partis, Michel vint jusqu’à moi ;
Il me savait plongé dans un terrible émoi :
« Tu n’auras plus besoin de franchir le grillage. »
Je voyais le bonheur éclairer son visage :
« Car le commandant veut te fournir sur le champ,
Un visa de rentrée tous les jours dans le camp. »
J’étais un peu confus devant cet homme intègre,
Mais de voir ma maman allaiter et moins maigre
Valait bien la rançon d’un tel désagrément.

Michel me dit un jour : « Je veux voir ta maman ! »
Je ne vis dans ce voeu un seul brin de malice.
Je la lui présentais sans que je l’avertisse.
Mère fut toute émue, et prise de stupeur
Quand je lui dis : « Maman, voilà notre sauveur ! »

Dans le baraquement ce fut un grand tumulte ;
Mère l’avait perçu comme une sale insulte.
Or, très vite saisie par le sens du devoir,
Lui dit en espagnol : « Heureuse de vous voir.

…