Les Mercredi poétiques de Louis

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« Luis, mon tout petit, que mon bonheur est grand ;
Nous allons fuir ces lieux, mais je ne sais pas quand ;
- Que me dis-tu, Maman ? Oh ! Non, mon Dieu je rêve !
Maman, est-ce donc vrai que le malheur s'achève ?
- Oui, c'est vrai, mon Luis, je l'ai su ce matin.
Pour un village audois, Père s'en va demain. »
J'étais abasourdi, et Mère très heureuse ;
Elle avait dans ses yeux des lueurs curieuses
Que je n'avais pas vues, hélas, depuis longtemps.
Elle me dit le nom, après un laps de temps,
Du village où Papa, redevenant utile,
Trouverait dignité en même temps qu'asile.
Ce village coquet que j'ai connu plus tard
Egaye une vallée aux limites du Tarn.
Il est d'après mes yeux l'un des plus beaux du monde ;
Ce bourg dans la forêt s'appelle Caudebronde.

En attendant le jour de fuir le morne enfer,
J'allais tous les matins avec ma boîte en fer
Et je la rapportais remplie de quelques restes
Qui sauvèrent Maman des maux les plus funestes.

J'avais, par je ne sais quel caprice d'enfant,
Repris le court chemin que je suivais avant,
En rehaussant un peu les fils bas du grillage
J'avais confectionné un tout petit passage.
« Pourquoi refais-tu ça ? » me dit Maman un jour.
Cachant la vraie raison, je lui dis : « C'est plus court ! »
Car, je dois avouer, j'éprouvais de la honte,
Ce n'est que vérité, ce que je vous raconte.
Les amis me narguaient et se moquaient de moi,
Faisant naître en mon cœur les germes de l'émoi.

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