Créer un site internet

Les Mercredi poétiques de Louis

  • Par
  • Le 01/01/2020
  • Dans Divers
  • 0 commentaire


Dscf7267 1

 

 

 Louis Ruiz

 

"La Retirada"

 

 

Ce livre a obtenu
le Grand Prix des Jeux Floraux Méditerranéens
décerné par
"Poètes sans frontière".

...

— Oh ! Merci, Paquita ! Ça, je m'en souviendrai ;
C'est un geste amical qu'un jour je te rendrai. »
Le pullman se remplit de personnes âgées.

Mes yeux se promenaient sur toutes les rangées
Et je n'apercevais que des vieux et des gosses ;

Point d'hommes vigoureux, rien que des femmes grosses.
Beaucoup dont le mari encore prisonnier

Ou pire, déporté jusqu'au combat dernier.
« Ton mari vit là-bas depuis quelques semaines.
Nous unirons nos joies, et, peut-être nos peines.
Nous avons de l'argent — la mine paie très bien,
Mais à le dépenser, nous ne trouvons plus rien. »
Le car prit le chemin de la Montagne Noire,
Mais passé Pennautier, je le garde en mémoire,
Il devint tout poussif, et paraissait souffrir ;

On l'aurait cru vouloir rendre un dernier soupir.
Au-delà d'Aragon, il prit la bonne allure ;
Inquiet, je me disais : Dieu, pourvu que ça dure !
A Brousse le chauffeur nous fit changer de car ;
L'autre était plus petit, et vif comme un guépard.
Il allait sans faiblir vers notre vie future ;

Là où se guérirait la profonde blessure
Et le mal que Franco nous avait infligé,
D'être si virulent, je me crois obligé.

Arrivant au niveau de la Samaritaine
(C'était le nom donné à la fraîche fontaine),
Paquita se leva et nous dit : « C'est Fontiers ! »
Ce village à l'orée d'un massif forestier

Me plut de prime abord, par son aspect tranquille ;
Je ne pouvais songer à plus charmant asile.
« Luis, descends Juan et le petit paquet » ;
Nous étions arrivés au lieu dit Le Bosquet.
L'autobus s'arrêta et de loin je vis Père.
Mon Dieu, qu'il était grand, le bonheur de ma mère !

 

Je veux, rien qu'un instant, vous le pouvoir narrer ;
J'étais comme ahuri de voir Père pleurer.
Mère, elle, appartenait à ces femmes solides
Qui cachent leur bonheur comme les pyramides,
Dissimulent si bien les merveilles d'antan.
Mais son cœur battait fort, certainement autant
Que celui de mon père enivré par la joie.
Moi, comme l'arbrisseau qui sous la brise ploie,
Je ressentais l'émoi d'une lente effusion
De tendresse, de joie, et j'avais l'impression
Que rien n'est aussi beau, après tant de souffrance :
Que de t'ouvrir mon cœur à jamais, douce France !

FIN

retirada louis poèmes ruiz

  • 1 vote. Moyenne 5 sur 5.

Ajouter un commentaire

 

Retrouvez moi sur

Quedemaiasaissac le 3ème

http://quedemaiasaissac3.e-monsite.com/