Une pensée pour Louis - "Hommage à Saissac"

Hommage à Saissac 

J'aime tes rues pavées, tes tours et tes beffrois, 
Ton château féodal tout au bas du village. 
Saissac, quand je te vis pour la première fois, 
Mon âme fut saisie d'un bienheureux présage. 

Par les pores béants de mes sens éveillés, 
S'engouffrèrent à flot les sentiments d'envie, 
Dès l'instant j'ai compris, les yeux émerveillés, 
Que dans ce bourg audois je passerais ma vie. 

Le coeur soudain rempli d'indicibles désirs, 
Comme après avoir bu des liqueurs enivrantes 
A ressenti l'envie que donnent les plaisirs, 
Et le frémissement des idylles naissantes. 

Prétentieux, j'ai juré de louer ta beauté, 
La chose était osée ne sachant pas écrire. 
Or mon vers sort fougueux de ma ténacité 
Comme une illusion, jaillissant du délire. 

Un jour, lorsque mon corps ne sera qu'un lambeau, 
Un sage éditera mes écrits téméraires, 
Alors, dans l'ossuaire obscur de mon tombeau 
Mon âme se ceindra de lauriers honoraires. 

A défaut de lauriers, j'ai eu l'immense honneur 
De louer un joyau de la Montagne Noire. 
Saissac, tu m'as donné l'ivresse du bonheur 
En guise de l'orgueil que nous donne la gloire.

Editions ACALA