Les Mercredi poétiques de Louis

…

Mère leur répondit d’un air rebelle et fier :
« Voleuses effrontées, vous cherchez la dispute ;
Vous n’êtes toutes deux que des filles de pute ! »

Souvent j’ai médité sur ce mot indécent ;
Même longtemps après, étant adolescent.
Et même si ce vers perd son essence pure
Je l’écris ! Car c’est vrai, cela, je vous le jure !
Le tumulte causé par cette altercation
Fut le motif rêvé de notre arrestation.

Nous vîmes arriver un fourgon de police,
Et tout c’était passé, à côté d’une église.
Des passants intrigués par cet attroupement
Se prirent de pitié pour ma pauvre maman.
L’un deux, compatissant, dit à l’agent de ville :
« Je les ai vu passer ; la dame allait tranquille.
Je crois que ces deux-là ont voulu l’agresser. »
Les hommes de la paix, sans trop s’embarrasser,
Et sachant sûrement ce qu’ils avaient à faire,
Dirent à l’inconnu de bien vouloir se taire.
Ils eurent vite fait de voir d’où nous venions
Et promptement jugé quels besoins nous avions.
Ils nous firent monter dans leur voiture verte
Et du commissariat je fis la découverte.
Mère, la rage au cœur, leur parlait espagnol ;
Le plus âgé lui dit de se mettre en bémol.
Ces femmes, par hasard, servirent notre cause.
Notre interpellation fut la meilleure chose,
Après un court arrêt dans le commissariat
Nous fûmes amenés dans un orphelinat.
Au milieu d’enfants seuls et de femmes perdues,

...