Les Mercredi poétiques de Louis

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En arrivant au camp, je fus un peu surpris ; 
Nous fûmes accueillis presque avec du mépris. 
Un gardien froid et sec vint nous ouvrir la porte ; 
Près de lui se tenait une femme très forte. 
Nos accompagnateurs, leur travail terminé, 
Nous laissèrent aux mains d'un destin satané. 
La femme en espagnol nous dit : "Veuillez me suivre !" 
J'ai du mal à narrer l'horreur que j'allais vivre. 

Elle nous amena dans un baraquement, 
En guise du plancher, du sable seulement. 
« C'est là votre dortoir » sèchement nous dit-elle. 
Ce fut le tout début d'une épreuve cruelle. 
La baraque abondait de femmes et d'enfants, 
Or, je fus étonné de n'en pas voir de grands 
La raison à cela ne se fit pas attendre. 
La gardienne me dit : « Je reviendrai te prendre. » 
Et ce fut aussitôt un bel attroupement 
De femmes amaigries, d'enfants également. 
Moi, je voyais au loin par la porte entrouverte 
La mer à quelques pas : elle était presque verte. 
Une femme jolie à l'accent andalou 
Se fraya un chemin et parvint jusqu'à nous. 
Elle prit Mère à part et lui dit l'air affable : 
« Madame, du dortoir je suis la responsable. 
Je m'appelle Linda, je dors à gauche au coin, 
Je saurai vous aider en cas de tout besoin. » 
Puis se dirent plus bas des choses plus intimes. 
Mère lui raconta la folie que nous fîmes ; 
De l'orage bien sûr, mais aussi de la peur 
Dont elle était saisie à la moindre douleur. 
Linda, je m'en souviens d'une façon précise, 
Lui répondit : « Madame, il faut que je vous dise 
Combien je suis émue, et fière de savoir 
Qu'une femme a vaincu les lois du désespoir. 
Ici, je vous avoue, la vie n'est pas facile, 
Mais plus tard nous aurons les joies d'un domicile. » 

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