Les Mercredi poétiques de Louis

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Nous vîmes un café en retrait de la route,
Celui des colonies, sans l’ombre d’un seul doute
Car garé dans l’allée, j’aperçus l’autobus ;
Vert comme la feuillée avec du blanc en plus.
Un homme corpulent, d’allure commerciale,
Ordonnait les colis, perché sur l’impériale.
Dès qu’il redescendit, il s’approcha de nous,
Et très aimablement, nous dit : « Où allez-vous ?
— A Fontiers-Cabardès » lui répondit ma mère.
« J’y vais » dit l’homme, ému devant notre misère.
Il parlait l’espagnol avec facilité,
Ce fut, bien sûr pour nous, de grande utilité.
Mère lui demanda avec délicatesse :
« Connaissez-vous ce lieu ? Je vais à cette adresse. »
Il jeta un regard sur le papier tendu
Et sans hésitation lui dit : « Bien entendu !
Pantouquet, mais bien sûr, une belle chaumière ;
C’est un ancien moulin au bord d’une rivière.
Vous l’avez de Fontiers à deux pas seulement. »
Mère nous mit au fond très confortablement :
François sur ses genoux, et moi tout à sa droite.
Ses yeux étaient luisants et son front un peu moite,
Mais son cœur débordait d’un immense bonheur ;
Un œil qui brille tant n’est pas un œil trompeur.
Mon cœur, lui, il était à la fois gai et triste ;
Pareil à tous les cœurs quand un chagrin persiste.

« Luis, garde François un peu sur tes genoux. »
Juan, je le sentais, était un peu jaloux.
Une femme nous vint faciliter la tâche,
Pour m’appeler Luis, fallait-il qu’elle sache
Que c’était bien le nom que l’on m’avait donné.

…