Les Mercredi poétiques de Louis

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Le 11/03/2020
Dans Divers
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Louis Ruiz

"Le prix d'un serment"

CHAPITRE III

Pour nous, comme tant d'autres émigrés espagnols, la guerre avait commencé en 1936. Nous reçûmes la morsure du monstre cette année là.

Franco, le petit commis voyageur du sanguinaire Hitler, avait plongé notre patrie dans la confusion la plus totale.

Les guerres sont toutes cruelles et sales, mais, celle qui ravagea l'Espagne dite

« guerre civile » est la plus monstrueuse qu'il soit. Ce n'est pas contre un envahisseur que l'on se bat ; on s'étripe entre compatriotes ; on se tue entre voisins, par-fois même entre frères.

Nous regagnâmes par petits groupes nos domiciles respectifs. Une allégresse indescriptible s'était emparée du groupe. Nous arpentions la route forestière comme des guerriers vainqueurs. Pourtant, notre combat se déroulait quotidiennement dans les profondeurs obscures d'une mine de plomb.

Deux kilomètres séparaient la mine, de Cals le Bàs.

Des pensées saugrenues nous passaient par la tête. Les pertes consenties, les souffrances endurées, le fossé énorme que vainqueurs et vaincus auraient à combler.

Or, au-delà de ces interrogations, c'était l'heure présente qui primait. En activant le pas nous rejoignîmes trois habitants de Cals le Haut. Nous nous enlaçâmes pour la deuxième ou la troisième fois ?

On ne compte pas quand on est heureux.

David, un montagnard solide comme un chêne, avait les yeux mouillés.

- Nous allons être à nouveau des hommes libres !

Il dit cela en chassant d'un revers de doigt une nouvelle larme.

A suivre